La Conception Universelle de l’Enseignement : un nouveau paradigme pour l’École inclusive
La Conception Universelle de l’Enseignement :
un nouveau paradigme pour l’École inclusive
Apporter des réponses pédagogiques adaptées à la diversité des élèves est le fer de lance de tout enseignant car il n’existe aucun élève qui ne possède les mêmes habiletés d’apprentissages, qui n’apprenne au même rythme qu’un autre, selon les mêmes modalités, les mêmes processus et avec une motivation identique.
Devant ce constat, la différenciation pédagogique s’est imposée pour accompagner la classe dite "hétérogène" où se côtoient des élèves aux besoins différents.
De façon empirique, dans bien des cas, on organise des groupes, on établit des plans de travail individualisés , on varie les approches, on multiplie les situations d’apprentissage, on diversifie les supports. Pour certains élèves dont les besoins sont clairement identifiés, on va plus loin en adaptant, en aménageant, en compensant.
La différenciation s’est toujours positionnée comme une réponse proposée à la difficulté, un geste professionnel venant en réaction au "déjà-là" de l’élève.
La Conception Universelle de l’Enseignement (CUE), paradigme pédagogique récent pour l’École inclusive, repose sur un déplacement conceptuel et temporel de l’aide à apporter à tous les élèves. Contrairement à la différenciation, la CUE se pense comme un ensemble de stratégies visant à anticiper leurs difficultés, notamment en leur offrant un environnement d’apprentissage capacitant qui repose sur plusieurs principes.
Le premier levier à actionner est celui de l’accessibilité qui cherche à réduire, voire à supprimer les obstacles qui entravent l’apprentissage. Ces obstacles peuvent être de tout ordre : systémiques, environnementaux, comportementaux, personnels… Ils empêchent l’élève d’atteindre son plein potentiel et de prendre part aux activités de la classe.
Le second s’appuie sur la flexibilité, c’est-à-dire la nécessité de prévoir, en amont de toute séquence de travail, différents moyens à offrir aux élèves pour présenter l’information. il s’agit aussi de leur donner la possibilité de produire et de s’exprimer de différentes façons et de favoriser de multiples modalités d’engagement. Ce principe de flexibilité est celui qui inspire la Conception Universelle de l’Apprentissage (CUA) qui mise sur la diversité des modes d’action pour répondre aux besoins du plus grand nombre. La CUA, modèle pédagogique anglo-saxon, est issue du monde de l’architecture qui, bien avant celui de l’éducation, avait cherché à prendre en compte la variabilité des usages et les singularités des usagers des bâtiments.
Enfin, le troisième principe sollicite les apports des sciences cognitives relatives à l’éducation et les méthodes d’enseignement fondées sur les preuves (evidence-based education). Ces pratiques dites “exemplaires” sont celles qui présentent le plus d’efficacité au regard du fonctionnement cognitif de l’élève. Elles viennent parfois contrarier des neuromythes puissants, des croyances qui viennent davantage altérer l’apprentissage plutôt que de la faciliter. Par exemple, demander aux élèves de relire ou de recopier une leçon pour la mémoriser est beaucoup moins efficace que d’organiser dans la classe les reprises espacées des notions ainsi que du multitesting pour consolider les connaissances.
La Conception Universelle de l’Enseignement, en s’adressant à tous les élèves de façon proactive, pourrait devenir ainsi le nouveau paradigme de l’éducation inclusive. Elle ne s’oppose pas aux pratiques de différenciation pédagogique nécessaires aux élèves à besoins éducatifs particuliers mais elle l’allège fortement en prévenant et en réduisant en amont leurs difficultés. Elle consiste alors à créer un milieu d’apprentissage accessible et répondant aux besoins variés du plus grand nombre d’élèves.